Chez la femme humaine, le lait traverse différents stades afin de répondre aux besoins de son bébé. Comme professionnel de la santé, il importe de comprendre la mécanique impliquée dans ses divers processus afin de mieux supporter et outiller les dyades mÚres-enfants.
Commun Ă tous les mammifĂšres, il nâen demeure pas moins que le lait maternel est un liquide biologique unique Ă chaque espĂšce. Chez la femme humaine, le lait traverse diffĂ©rents stades afin de rĂ©pondre aux besoins de son bĂ©bĂ©. Comme professionnel de la santĂ©, il importe de comprendre la mĂ©canique impliquĂ©e dans ses divers processus afin de mieux supporter et outiller les dyades mĂšres-enfants.
Le sein de la femme possĂšde une structure particuliĂšre afin de permettre les Ă©changes vasculaires, la fabrication et lâexpression du lait maternel.
Cette anatomie unique nâest pas ainsi constituĂ©e au moment de la naissance, la femme devra traverser une sĂ©rie de changements durant sa pubertĂ© puis sa grossesse afin de mettre en place un allaitement satisfaisant tant en qualitĂ© quâen quantitĂ© pour le bĂ©bĂ© quâelle porte. Vous lâaurez compris, non seulement le corps de la femme fait il place, par de nombreux processus adaptatifs au bĂ©bĂ© en dĂ©veloppement, mais il planifie bien avant la naissance la poursuite de lâaventure maternelle via lâallaitement.
DĂšs les premiĂšres semaines de grossesse, les hormones dĂ©butent une transformation au niveau des cellules des seins. Les ĆstrogĂšnes ont pour rĂŽle le dĂ©veloppement des canaux galactophores tandis que la progestĂ©rone permet une maturation des cellules sĂ©crĂ©toires et myoĂ©pithĂ©liales.
De nombreuses femmes accusent des tensions mammaires durant ce processus.
Ainsi, les seins de la mĂšre en devenir seront fin prĂȘts Ă rĂ©pondre Ă leur fonction nourriciĂšre bien avant la naissance. Des changements extĂ©rieurs permettent de tĂ©moigner du bon dĂ©roulement de ces phĂ©nomĂšnes de transformation :
Ă noter quâil nâest pas nĂ©cessaire quâun Ă©coulement actif de colostrum soit rapportĂ© pour juger dâune bonne lactogĂ©nĂšse.
Câest au cours du milieu du deuxiĂšme trimestre que les glandes mammaires vont dĂ©buter leur diffĂ©renciation sĂ©crĂ©toire. Cette phase colostrale, est souvent nommĂ©e lactogĂ©nĂšse de stade I.
Le premier lait disponible pour le bĂ©bĂ© est nommĂ© colostrum. Visqueux et rare, ce lait se dĂ©guste Ă la goutte plutĂŽt quâĂ la gorgĂ©e. Parfaitement adaptĂ© au nouveau-nĂ©, il rĂ©pond au besoin le plus criant de ce dernier, une immunitĂ© passive.
La phase lactĂ©e ou encore la lactogĂ©nĂšse II sera pour sa part associĂ©e Ă une production de lait abondante lors de lâactivation sĂ©crĂ©toire. Câest la chute drastique des progestĂ©rones, lorsque le placenta est expulsĂ© en entier, qui engendre une fermeture des espaces intercellulaires au niveau des lactocytes. Perçue en moyenne autour des jours 2 Ă 5 post-partum, câest la « montĂ©e de lait ». Alors que le liquide sâĂ©coule avec plus de facilitĂ© et que son volume croit rapidement, dâautres changements sont rapportĂ©s telle une tension, une chaleur et une lourdeur des seins.
DiffĂ©rents mĂ©canismes sont Ă considĂ©rer lorsque vient le temps dâĂ©valuer et dâajuster une production lactĂ©e chez une maman. Heureusement, le corps fĂ©minin possĂšde une fois de plus les outils essentiels afin dâassurer cette abondance dans les premiĂšres annĂ©es de vie du bĂ©bĂ©.
Sous lâeffet de la prolactine, les lactocytes assurent la synthĂšse et un stockage variable de lait. Sous lâeffet de lâocytocine, les cellules myoĂ©pithĂ©liales qui entourent les lactocytes se contractent et permettent lâĂ©jection du lait jusquâau bĂ©bĂ©. Câest ce quâon nomme le contrĂŽle endocrine de la lactation humaine.
Un contrĂŽle autocrine est Ă©galement prĂ©sent au sein mĂȘme (quel jeu de mots remarquable) des cellules sĂ©crĂ©toires. La forme des cellules va varier en fonction du volume de lait stockĂ© dans les alvĂ©oles. Plus une expansion est prĂ©sente, moins grande sera la production de lait. Ainsi, plus bĂ©bĂ© boit, plus les canaux sont « vides » et produisent du lait. Câest le principe de lâoffre et la demande.
La prolactine, principale hormone qui entraine la production et le stockage de lait, est stimulĂ©e par lâaction mĂ©canique de la bouche du bĂ©bĂ© contre les rĂ©cepteurs situĂ©s sur lâarĂ©ole et le mamelon. Plus la stimulation sera grande, plus le lait sera abondant. Ă noter que dâautres facteurs influent sur les taux circulants de prolactine, notamment le cycle circadien.
Impact des pratiques en allaitement⊠Et si un mauvais dĂ©marrage pouvait entraĂźner des consĂ©quences irrĂ©versibles sur lâĂ©tablissement dâune production lactĂ©e satisfaisante pour bĂ©bĂ©?
Lâallaitement est un processus qui se dĂ©roule de façon parfaitement normale chez au moins 85 % des femmes en post-partum. LâexpĂ©rience montre quâavec un soutien adaptĂ© de la part des professionnels de la santĂ© et de lâentourage immĂ©diat, au moins 95 % des femmes peuvent allaiter exclusivement leur enfant. Alors que la production de lait Ă©volue et sâadapte aux diffĂ©rents stades de la maternitĂ©, le caractĂšre unique Ă chaque femme se doit dâĂȘtre considĂ©rĂ©. Sâil est vrai que le lait humain varie tant en quantitĂ© quâen composition Ă lâintĂ©rieur dâune mĂȘme journĂ©e afin de rĂ©pondre parfaitement aux besoins du bĂ©bĂ©, il en va de mĂȘme pour nos conseils qui doivent aussi avoir un caractĂšre unique et adaptatif Ă chaque histoire lactĂ©e.
Marie-Ăve Brouillette InfirmiĂšre Clinicienne en PĂ©rinatalitĂ© depuis 10 ans et Consultante en Lactation CertifiĂ©e de lâIBCLCE depuis 3 ans. Fondatrice des services en pĂ©rinatalitĂ© Sein-Biose. Monitrice de portage certifiĂ©e et membre de lâINPE. Maman de 4 enfants.
du 4 au 28 février 2025.