Ce blog vous aidera à mieux comprendre l'apnée obstructive du sommeil et les effets néfastes de cette pathologie sur la santé. En tant que professionnel de santé, vous deviendrez un acteur clé en posant les bonnes questions à vos patients afin de les guider vers une prise en charge optimale.
Comme vous le savez, l’adoption de saines habitudes de vie est un outil de choix pour nos patients en ce qui concerne la prévention de certaines maladies chroniques1. À ce sujet, la société canadienne de physiologie (SCPE) nous a proposé des recommandations pour adopter un mode de vie actif sur une période de 24 heures en bougeant plus, en limitant nos comportements sédentaires ainsi qu’en s’assurant de bien dormir.2
Bien dormir? Ce n’est pas le type de question qu’on se posait il y a quelques années! Comme professionnels de la santé ayant une approche bio-psycho-sociale avec notre patient, la question du sommeil devient donc incontournable. À titre d’exemple, un sommeil de bonne quantité et de bonne qualité favorisa le processus de réadaptation lors de la prise en charge d’un trouble musculosquelettique3. Mais quelles questions est-il important de poser à nos patients? Pour résumer, voici quelques points à discuter :
Pour plusieurs patients, la quatrième question a souvent une réponse négative. L’apnée obstructive du sommeil, pour certains d’entre eux, pourrait pourtant être la cause d'un mauvais sommeil. Selon l’association pulmonaire du Québec, environ 1 personne sur 20 est diagnostiquée avec de l’AOS, considérant que 80% des gens qui en souffrent ne seraient pas encore diagnostiqués4. Effectivement, cela semble beaucoup, et c’est justement en ce sens que vous pouvez devenir, à titre d’intervenant en santé, un acteur clé afin de réduire ce pourcentage et d’aider vos patients.
La forme la plus commune d’AOS se traduit par un relâchement des muscles de la gorge empêchant ainsi l’air de bien passer, créant ainsi plusieurs épisodes de micro-éveil. Voici quelques signes et symptômes5 :
Les conséquences de l’AOS non traité sont multiples et peuvent affecter la personne qui en souffre autant au niveau psychosocial que physique. À long terme, l’AOS est un facteur de risque pour développer : de la fibrillation auriculaire (et par le fait même, risque accru d’AVC); des maladies coronariennes (HTA, angine et infarctus); du diabète de type 2 et des syndromes dépressifs ou anxieux5. Plus sournoisement, l’AOS augmente le risque d’accident de la route (en s’endormant au volant), le risque de divorce ainsi que des difficultés au travail.
Si vous avez un doute raisonnable qu’un patient souffre d’AOS, il peut être souhaitable de lui demander de remplir le questionnaire d’Epworth ( https://fondationsommeil.com/troubles-du-sommeil/testez-sommeil/echelle-somnolence/)6.
Le questionnaire demande quelles sont les probabilités (0=nul; 1=faible; 2=modéré et 3=élevé) que vous somnolez ou que vous vous assoupissiez ou vous endormiez pour les situations suivantes :
Si le score est de plus de 10, il est fortement recommandé de diriger votre patient à un médecin afin de faire une investigation plus approfondie. La polysomnographie en laboratoire de sommeil est l’outil diagnostique de choix pour l’apnée du sommeil malgré qu’il y ait de plus en plus de tests effectués à domicile7. Si le score est en dessous de 10, il pourrait être intéressant de proposer des stratégies à votre patient pour simplement améliorer la qualité du sommeil. Par exemple, proposer une diminution de la lumière bleue émise par les écrans avant d'aller au lit).
Une fois le diagnostic d’apnée du sommeil obtenu par le patient (médecin de famille et pneumologue), celui-ci sera souvent dirigé vers des inhalothérapeuthes afin de débuter le traitement par ventilation en pression positive continue (VPPC), ou mieux connu par l’acronyme en anglais : CPAP (pour Continuous Positive Airway Pressure). Le traitement par VPPC demeure l’approche de choix par son efficacité clinique8. Cependant, une des grandes difficultés de cette approche est l’adhésion au traitement par les patients9Dans un contexte de soins global, comme thérapeute, vous pourrez devenir un acteur proactif en rappelant à votre patient l’importance de l'adhérence à cette thérapie. Il est à noter que la RAMQ et plusieurs compagnies d’assurances peuvent payer pour la thérapie en VPPC.
Une autre alternative émergente au traitement en VPPC est l’utilisation d’une orthèse d’avancement mandibulaire10 . Cette alternative est cependant plus coûteuse puisqu’elle n’est pas couverte par la RAMQ et par peu de régime d’assurance collective. Cette orthèse est faite par un dentiste ou un orthodontiste spécialisé en apnée du sommeil. Il est souvent recommandé aux patients suivant ce type de thérapie d’être suivi par un thérapeuthe spécialisé en traitement de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) afin de réduire les tensions ou inconforts parfois associés.
Comme complément de traitement, il est possible de considérer les modalités suivantes:
Pour conclure, le sommeil est une pierre angulaire d’une santé optimale, il faut donc s’y intéresser davantage. Cet article vous donne une base pour agir rapidement si vous avez un doute sur l’apnée obstructive du sommeil.
du 4 au 28 février 2025.