Selon l'enquête 2020 sur l'alimentation et la santé publiée par l'International Food Information Council (IFIC), enquête menée auprès de plus de 1 011 Américains, 43% des Américains suivent un régime alimentaire spécifique (1). Le régime cétogène est le 3e plus populaire, avec 8% des personnes interrogées suivant ce régime (1), contre 6% suivant ce régime en 2019 et 3% en 2018 (2). Cette augmentation contraste drastiquement avec le rapport 2020 du magazine US news and World report, classant ce régime 37e sur 39 selon un comité d'experts (3), faisant de ce régime l'un des plus en vogue et des plus controversés. S'agit-il d'un régime miraculeux encore mal connu ou d'une option dangereuse ? Afin de mieux vous guider, voici ce que dit la littérature sur l'impact du régime cétogène sur la perte de poids.
Comparativement à une diète faible en gras, une plus grande perte de poids a été observée de 6 à 24 mois chez les participants suivant la diète cétogène dans 2 méta-analyses (4,5). Toutefois, certaines nuances doivent être apportées à ces résultats. Selon l’une des études, cet effet ne semble pas cliniquement significatif à 24 mois (4). L’autre explique ces résultats par un apport énergétique plus faible chez les participants suivant la diète cétogène (5). Plusieurs autres méta-analyses ont été réalisées afin de comparer la différence de perte de poids entre une diète faible en glucides et faible en gras, mais les résultats sont inconsistants (6).
Ces différents résultats illustrent que la diète cétogène a potentiellement des effets intéressants pour la perte de poids, mais les effets à long terme restent à être démontrés.
Les effets de la diète cétogène sur les lipoprotéines de basse densité (C-LDL) sont inconsistants, puisque les chercheurs ont remarqué tant une augmentation de ceux-ci qu’aucun impact (7). Le même constat est fait pour les lipoprotéines de haute densité (C-HDL) et les triglycérides (TG), c’est-à-dire qu’une augmentation de ces valeurs ou aucune différence significative est observée (7). Ces inconsistances sont expliquées par l’hétérogénéité dans la distribution des macronutriments, l’adhérence variable des participants ainsi que la quantité variable de gras saturés dans la diète (7). Ceux qui valorisent la diète cétogène mentionneront qu’il a été observé qu’une consommation plus élevée en gras saturés entraînerait une augmentation de la grosseur des particules de C-LDL ainsi qu’une diminution de l’apolipoprotéine B (8), ce qui protégerait possiblement contre les maladies cardiovasculaires (9). Cependant, des études supplémentaires sont nécessaires pour éclaircir l’impact des gras saturés sur les maladies cardiovasculaires.
Un constat semblable a été fait pour la résistance à l’insuline; bien que l’hémoglobine glyquée (HbA1C) est diminuée à court terme (moins de 6 mois) comparativement à une diète faible en gras, cette différence s'amoindrit à plus d’un an (7). Une diminution de l’utilisation des hypoglycémiants oraux est également observée, mais ce constat est présent pour les diètes faibles en glucides en général et non la diète cétogène (7).
Ainsi, bien que des effets positifs soient observés à court terme, les effets à long terme restent à démontrer. La très grande hétérogénéité des études concernant le type de diète prescrit (quantité de glucides ou le pourcentage de gras saturé, par exemple), les protocoles d’études, l’état de santé variable des participants, la durée généralement courte, le petit nombre de participants, le taux élevé de non-adhérence ainsi que la variabilité dans le type de groupes contrôles limitent grandement l’interprétation des résultats.
La plus grande préoccupation concernant la diète cétogène est certainement les impacts potentiellement délétères à long terme.
Certains effets délétères répertoriés à court terme sont la constipation, des nausées, des douleurs abdominales ainsi que des effets secondaires à l’allure grippale (ce qu’on appelle communément “grippe céto”) tels que des maux de tête, de la fatigue, des nausées, des vertiges et des inconforts gastro-intestinaux (10). Généralement, ces symptômes sont ressentis les premières semaines de la diète (10). Les autres symptômes souvent rapportés comprennent de la déshydratation, des crampes musculaires, de l'halitose, des démangeaisons, de la diarrhée ou de la constipation, des urolithiases ou des cholélithiases (11,12). Les effets à long terme sont toujours à démontrer.
Dans les Nouvelles Lignes Directrices Canadiennes De Pratique Clinique Pour L’obésité Chez L’adulte publié en 2020 (13), il a été conclu “qu’aucune intervention nutritionnelle n’a été observée comme étant meilleure qu’une autre et que la littérature continue à supporter que l’adhérence à long terme demeure très importante, peu importe l’intervention” (14). En outre, des revues systématiques et des méta-analyses montrent que des interventions nutritionnelles personnalisées avec une diététiste-nutritionniste certifiée augmentent la quantité de poids perdu par rapport à des recommandations habituelles ou des documentations écrites (15).
Ainsi, un nutritionniste d’ÉquipeNutrition sera en mesure de choisir avec vos patients la meilleure approche selon ses préférences, ses expériences passées et son contexte social afin d’assurer un changement d’habitudes saines et durables tout en cultivant une relation positive avec la nourriture. N’hésitez pas à nous contacter afin d’en apprendre davantage sur nos services.